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Valéry Giscard d'Estaing
Les débuts : 1926 – 1974

ENFANCE ET JEUNESSE
ENTRÉE DANS LA VIE PUBLIQUE
DOUZE ANS AUX FINANCES
ENFANCE ET JEUNESSE

Valéry Giscard d’Estaing nait le 2 février 1926 à Coblence (Allemagne) où son père est directeur des finances au Haut-Commissariat de France en Rhénanie occupée.

C’est aux lycées Janson-de-Sailly à Paris et Blaise-Pascal à Clermont-Ferrand qu’il effectue sa scolarité.

A 18 ans, il interrompt ses études pour partir combattre alors qu’il suit une classe préparatoire aux grandes écoles à Louis-le-Grand. Comme il est mineur (l’âge de la majorité est encore à 21 ans), la première bataille qu’il doit mener est auprès de son père pour obtenir son autorisation de rejoindre la Première Armée française.

Le tireur de chars au deuxième régiment de dragons reviendra de la campagne d’Allemagne avec la croix de guerre à l’ordre du corps d’armée épinglée sur sa poitrine.

Adieu aux armes et retour aux études, l’ancien soldat est reçu à Polytechnique en 1946 puis à l’ENA en 1949. Son classement de sortie lui ouvre les portes de l’Inspection des Finances.

Au printemps 1952, le jeune énarque rencontre Anne-Aymone de Brantes. Elle a 18 ans. Il l’épouse le 23 décembre de la même année. Ils auront quatre enfants : Valérie-Anne, Henri, Louis et Jacinte.

ENTRÉE DANS LA VIE PUBLIQUE

En 1953, Valéry Giscard d’Estaing est nommé chargé de mission auprès d’Edgar Faure, ministre des Finances.

Il n’imagine pas, à l’époque, qu’il occupera un bureau rue de Rivoli* – malgré quelques courtes interruptions – pendant 12 années. Lorsqu’il en part définitivement en mai 1974, le chargé de mission est devenu entre-temps ministre d’Etat….

Le jeune inspecteur des Finances passe pour une courte période, et cela sera la seule, par l’Hôtel Matignon où est installée la présidence du Conseil. Il y est appelé en 1955 par son nouvel hôte, Edgar Faure, pour y occuper la fonction de directeur adjoint de son cabinet.

Il se souvient qu’il a pour voisin de bureau le grand résistant gaulliste, Pierre Sudreau (lequel aurait, dit-on, inspiré le personnage du « petit prince » à Saint-Exupéry).

Cette même année, l’enfant d’Auvergne affronte l’épreuve des urnes pour la première fois et avec succès : il est élu député du Puy-de-Dôme.

*Avant d’être transféré à Bercy, le ministère des Finances est installé depuis 1871 dans l’aile Richelieu du Louvre.

DOUZE ANS AUX FINANCES

Le premier gouvernement de la Ve République est constitué le 9 janvier 1959 à la suite de l’élection du Général de Gaulle à la Présidence. 26ème membre sur une liste de 27, Valéry Giscard d’Estaing est nommé secrétaire d’Etat aux Finances. Il devient, à 32 ans, le benjamin du Gouvernement Debré. Trois ans plus tard, il est promu ministre des Finances et des Affaires économiques.

  • Valéry Giscard d’Estaing travaille 7 ans avec le général de Gaulle. Il le rencontre, en tête à tête, tous les lundis à l’Elysée pour lui rendre compte des affaires économiques et financières. Il y a aussi les conseils des ministres hebdomadaires, les conseils restreints pour décider des politiques sectorielles et des grands chantiers. Il y a, enfin, les voyages à l’étranger lorsqu’il l’accompagne. Il a le temps de connaitre ce personnage d’exception et sa façon de procéder. Ce qui le marquera – et il ne l’oubliera pas – c’est sa méthode : le Général fixe les objectifs et laisse aux autres le soin de la réalisation.

Lorsque Georges Pompidou est nommé à Matignon, Valéry Giscard d’Estaing conserve son portefeuille de ministre de l’Economie et des Finances jusqu’en 1966, date à laquelle il n’est pas reconduit dans ses fonctions au profit de Michel Debré qui souhaite ardemment le poste. Bien qu’on lui propose un autre grand ministère, Giscard choisit de quitter le gouvernement.

Son retour, toujours aux Finances, s’effectue en 1969 dans le gouvernement de Jacques Chaban-Delmas puis Pierre Messmer sous la présidence de Georges Pompidou qui succède au général de Gaulle.

Le 2 avril 1974, à 21 h, Georges Pompidou, victime d’une septicémie, décède à son domicile parisien.

La présidence de la République
1974 – 1981

Campagne présidentielle

Le 19 mai 1974, Valéry Giscard d’Estaing est élu président de la République après une campagne courte mais inédite dans la forme : toute sa famille y participe (sa fille Jacinte, alors âgée de 13 ans, figure à ses côtés sur l’affiche de campagne) ; le slogan « Giscard à la barre » fleurit sur les tee-shirts ; les Français vont à sa rencontre, remplissent les salles de meeting et lui souhaitent « bonne chance ». C’est « la victoire en chantant » célébrée dans le « Chant du départ », entonné à la fin des grandes réunions publiques. On respire une atmosphère de fête.

Sept directions pour conduire le changement

Ouverture, harmonie sociale, anticipation de l’avenir : le libéralisme social avancé est la dénomination donnée à la pensée qui inspire le nouveau Président.

Les réformes du septennat se bâtissent autour de l’idée de modernisation de la société prise dans son ensemble économique, politique, social ou culturel.

1re réforme
2e réforme
3e réforme
4e réforme
5e réforme
6e réforme
7e réforme
1re réforme

1 - Pour rendre les citoyens plus libres et plus responsables

« Je veux que la société française passe d’une société de répression à une société de responsabilité et de confiance. »

Dès le premier conseil des ministres, le 29 mai 1974, la décision est prise de supprimer les écoutes téléphoniques, de détruire les archives qui en résultent et de ne jamais poursuivre un média même s’il exprime des attaques contre le Président.

Ces deux mesures sont respectées pendant toute la durée du septennat.

Le cadre juridique évolue :

  •  divorce par consentement mutuel et dépénalisation de l’adultère ;
  • vote de la loi informatique et libertés ;
  • réorganisation du service public audiovisuel dans le sens du pluralisme avec la création notamment de TF1, Antenne 2, France 3 et Radio France.

Des dispositions nouvelles sont mises en œuvre pour permettre à l’opposition de s’exprimer :

  • chaque mercredi à l’Assemblée nationale, avec un partage égal du temps de parole entre l’opposition et la majorité, les Députés posent des questions aux membres du Gouvernement tenus d’y répondre personnellement et immédiatement
  • 60 députés ou 60 sénateurs peuvent saisir le Conseil constitutionnel qui s’assure de la conformité de la loi avec les principes et libertés inscrits dans la Constitution.
  • le président de la République reçoit, à l’Elysée, les responsables des partis de l’opposition pour les consulter sur les grandes décisions politiques.
Consultation de l’opposition : rencontre avec François Mitterrand et Lionel Jospin - Palais de l’Elysée -3 mai 1979
2e réforme

2 - Pour faire avancer la France en direction de la justice sociale

« Une société solidaire doit protéger les populations les plus vulnérables. »

Une dimension sociale est introduite partout où elle a besoin de l’être :

  • généralisation de la Sécurité sociale à tous les Français ;
  • versement d’un complément familial pour les familles à partir de trois enfants ;
  • obligation d’intégrer les personnes handicapées dans la vie professionnelle et plus généralement dans la société (instauration des COTOREP) ;
  • valorisation du travail manuel ;
  • augmentation des retraites des agriculteurs ;
  • élaboration des statuts des conjoints d’artisan et de commerçants ;
  • majoration du minimum vieillesse.

Le regroupement familial

  • Il permet au conjoint et enfants de rejoindre le ressortissant étranger.

Mais, il est encadré par cinq conditions strictes :

  • présence d’une année en France en situation régulière,
  •  ressources stables et suffisantes pour subvenir aux besoins de sa famille,
  •  logement adapté,
  • absence de menace pour l’ordre public,
  • soumission à un contrôle médical dans leur pays d’origine.
3e réforme

3 - Pour adapter et promouvoir la condition des femmes

« J’espère que sur les quelques lignes que les futurs manuels d’histoire réserveront à mon septennat, une ou deux seront consacrées à mes efforts pour améliorer la condition féminine. »

La lutte contre les inégalités hommes-femmes s’inscrit dans les missions prioritaires. Cette volonté se concrétise à travers la création du Secrétariat d’Etat à la Condition Féminine confié à Françoise Giroud reconnue pour ses réussites dans le secteur des media  (L’Express, Elle).

Son programme comprend « Cent mesures pour les femmes » réparties selon les âges de la vie et classées par thématique ministérielle : mesures juridiques, mesures dans les domaines du travail, de la santé et de l’éducation…

Parmi les autres actions conduites durant le septennat :

  • contraception libre et gratuite ;
  • allongement du congé de maternité ;
  • création d’un secrétariat d’Etat chargé de l’Emploi féminin à l’origine notamment, en 1979, de la campagne télévisée et d’affiches  « Trop de métiers n’ont pas de féminin ! »
  • adoption d’un projet de loi relatif à l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes (conseil des ministres du 16 janvier 1981).

La loi emblématique sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG) défendue par Simone Veil 

Annoncé au cours de la campagne, le projet de loi est préparé à l’Élysée avec les ministres de la justice, de l’intérieur et de la santé. L’idée est de ne pas pénaliser un acte qui relève de la responsabilité individuelle.

Le Président Giscard d’Estaing décide de confier la défense du texte devant le Parlement à Simone Veil, ministre de la santé. Elle s’y emploie avec fermeté, dignité et montre un courage remarquable dans un climat houleux, parfois même violent et grossier.

  • La loi est adoptée avec l’aide de l’opposition. Simone Veil inscrit son nom dans l’histoire.
4e réforme

4 - Pour développer la richesse nationale et la mettre au service de l’homme

« J’ai voulu systématiquement placer l’économie française dans les secteurs d’avenir. Ces secteurs d’avenir sont ce que j’appellerai l’air, l’intelligence, l’atome, la vie. »

Triplement du prix du pétrole, inflation mondiale, ralentissement de la croissance, situation de l’emploi préoccupante. C’est la fin des Trente Glorieuses.

Il faut positionner le pays sur des secteurs industriels d’avenir (aéronautique, télécommunications, électronucléaire …) et réduire sa dépendance énergétique :

  • installation de douze millions de lignes téléphoniques ;
  • invention du minitel ;
  • fabrication du lanceur Ariane ;
  • lancement et mise en œuvre d’un programme de production électrique d’origine nucléaire et hydraulique ;
  • construction de la première ligne du train à grande vitesse (TGV) entre Paris et Lyon.

Par ailleurs, les prix de vente sont encore fixés par l’administration ! La libéralisation des prix, accompagnée d’une politique de la concurrence, permet de faire entrer la France dans le club des économies avancées.

  • Entre 1974 et 1980, la France a :

    •  une croissance de 22 % qui, à l’exception du Japon, est la plus rapide du monde ;
    •  une dette publique qui dépasse à peine 15 % du PIB ;
    •  un déficit budgétaire de 2,5 % du PIB à son maximum.
5e réforme

5 - Pour assurer l’égalité des chances pour les jeunes

« Il n’est pas d’inégalité moins supportable que l’inégalité des chances. »

Ciment d’une société fondée sur la justice, l’éducation est un élément moteur :

  • la mise en place du collège unique à la rentrée 1977 vise à donner le même bagage scolaire à tous les élèves sans distinction d’origine et de condition ;
  • l’apprentissage est valorisé : carte d’étudiant, accès aux foyers et aux restaurants universitaires ;
  • l’enseignement technique en devenant l’égal de l’enseignement général ouvre le passage aux grandes écoles ;
  • l’âge de la majorité civile et électorale est abaissé de 21 ans à 18 ans.

La jeunesse peut participer à part entière à la vie nationale.

6e réforme

6 - Pour améliorer le cadre de vie et protéger l’environnement

« Assurer le droit de tous à la nature doit être un des objectifs fondamentaux de notre civilisation. L’avenir du monde vivant doit passer avant l’exploitation aveugle de la terre. »

L’action de l’aménagement du territoire est réorganisée avec la création du ministère de l’Environnement et du Cadre de Vie, une démarche pionnière. Les valeurs de l’écologie et de protection de l’environnement sont désormais prises en compte dans toutes les décisions publiques.

Le sujet devient sociétal et au centre des préoccupations : chaque citoyen ou groupement de citoyens en est responsable et peut participer à l’urbanisme, la préservation des paysages, la protection du patrimoine …

Des mesures législatives, réglementaires ou à impact symbolique:

  • création d’un ministère de la Qualité de la vie, préfiguration du ministère de l’Environnement ;
  • annulation immédiate de projets de construction de tours (tour Apogée) et d’autoroutes urbaines (radiale Vercingétorix) qui auraient défiguré Paris ;
  • protection des côtes (interdiction de construire à moins de 100 mètres de la mer ; création du Conservatoire du littoral) ;
  • réglementation de la publicité et des enseignes le long des routes ;
  • création de l’Agence pour la qualité de l’air, de l’Agence pour les économies d’énergie (« En France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées »).

Développement et rayonnement du patrimoine paysager, historique et culturel

L’instauration de la première « année du Patrimoine », en 1980, contribue à sensibiliser les Français sur le sujet et leur donner envie de s’engager personnellement.

  • La gare d’Orsay se transforme en Musée d’Orsay pour présenter les œuvres du XIXe siècle, un des siècles les plus créatifs (décision d’octobre 1977).

Le site de l’abattoir de la Villette et les 55 hectares qui l’entourent sont reconvertis en musée des sciences, des technologies et des industries. Avec la Cité des sciences de la Villette, la France se dote d’un grand instrument de pédagogie scientifique.

7e réforme

7 - Pour affirmer la juste place de la France et de l’Europe dans le monde

« Mon ambition est que la France soit présente aux trois rendez-vous que l’histoire lui a fixés pour la fin de ce siècle :

Participer à l’organisation d’une Europe stable et prospère…

La France est à l’origine de :

  • la création du système monétaire européen (SME), précurseur de l’euro ;
  • l’institution du Conseil européen, réunion des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne ;
  • l’élection du Parlement européen au suffrage universel direct. Simone Veil sera la première des présidents du Parlement directement élus (1979).

La progression de la construction européenne, en particulier dans le domaine monétaire, doit beaucoup aux relations de confiance du « couple franco-allemand ». D’ailleurs, cette expression est utilisée pour la première fois à cette époque. Valéry Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt sont élus à trois jours d’intervalle à la tête de leur pays. Ils se connaissent depuis longtemps et s’apprécient. C’est un âge d’or des relations entre les deux pays.

…contribuer à l’établissement d’un monde  plus pacifique de l’Est à l’Ouest…

Le monde reste divisé, en deux blocs, entre les démocraties à l’Ouest et les pays sous le joug communiste à l’Est. L’heure de la réunification des deux Allemagne (RFA et RDA) n’est pas encore venue.

La politique extérieure est celle de l’initiative et du dialogue :

  • réunions périodiques entre les chefs d’Etat et de gouvernement des alliés occidentaux (G6, G7,…) ;
  • instauration d’un dialogue fondé sur la franchise et le réalisme avec les dirigeants soviétiques de l’URSS (devenue Fédération de Russie en 1991).

 …plus généreux et plus juste du Nord au Sud.»

  • actions en faveur de la stabilité de l’Afrique (Zaïre, Mauritanie, Tchad, Djibouti, République Centreafricaine)

La création de l’Institut du monde arabe (IMA)

À la suite des chocs pétroliers, il est important d’établir un dialogue avec les pays producteurs. L’amélioration des relations entre la France et les pays arabes passe par une meilleure connaissance et compréhension de nos cultures et civilisations réciproques.

  • Ainsi, naît l’idée de créer un Institut du monde arabe à Paris dont la mission est double : faire connaitre la civilisation arabe, offrir un lieu de recherche pour l’étude des points de rencontre entre le monde arabe et le monde occidental (acte de fondation signé en février 1980).

Deux décisions importantes pour le Président

« Les deux décisions les plus importantes auxquelles un Président de la République doit faire face sont de choisir le Premier ministre et d’engager une opération militaire »

le Premier ministre et composer le gouvernement
une opération militaire
le Premier ministre et composer le gouvernement

Choisir le Premier ministre :

Jacques Chirac (mai 1974 – août 1976)

Valéry Giscard d’Estaing le connait bien : il fut son secrétaire d’Etat quelques années auparavant et il a organisé le soutien de 43 parlementaires de l’UDR – premier parti de la majorité rassemblant la famille Gaulliste- au moment de l’élection présidentielle.

Raymond Barre (août 1976 – mai 1981)

Le président de la République le fait entrer au gouvernement comme ministre du Commerce extérieur, un an et demi avant de le nommer Premier ministre, pour l’avoir en réserve en cas de besoin.

Valéry Giscard d’Estaing apprécie ses qualités d’indépendance politique, ses compétences reconnues notamment dans le domaine économique et le crédit européen de l’ancien commissaire à Bruxelles.

Composer le gouvernement :

En partant de principes de base :

  • limiter le nombre de ministres ;
  • retenir, en priorité, le critère de compétence ;
  • nommer des ministres ayant une formation d’ingénieurs (André Giraud, Christian Bellac, Lionel Stoléru…) ;
  • faire entrer des femmes ;
  • ne pas conserver ceux qui ont perdu la légitimité du suffrage universel.

En terminant le  premier conseil des ministres de son septennat, le Président leur adresse le message suivant : 

« Vous êtes des amis, vous êtes des amis personnels dans vos problèmes, dans vos soucis, dans votre vie mais, en fonction, vous êtes des hommes et des femmes au service de la France et rien que cela »

une opération militaire

Comment le président de la République, Chef des armées prend la décision d’engager une telle opération ? Dans la  plupart des cas, il y a urgence à agir et le secret doit être gardé le plus longtemps possible.

  • La bataille de Kolwezi, ville du sud du Zaïre, menée les 19 et 20 mai 1978, est un cas d’école.

La sécurité des 2000 Belges et Français employés par une société minière, basée dans la cité, est gravement menacée. Des rebelles katangais appelés « les Tigres » y arrivent le 13 mai et livrent une chasse sanglante aux Européens : en trois jours, cent trente d’entre eux sont massacrés.

A la demande du gouvernement zaïrois, le Président Giscard d’Estaing décide le lancer une opération militaire. Six cents légionnaires du 2e Régiment Etranger de Parachutistes (2e REP), commandé par le colonel Erulin, sautent sur Kolwezi. En quelques heures, ils en prennent le contrôle.

L’objectif est atteint.

Le 15 juin, les derniers soldats français regagnent leur base de Calvi sur instruction du Chef des armées : il ne s’agit pas d’engager la France dans une implication militaire permanente. Les Zaïrois prennent la relève.

Mai 81, réussir l'alternance

C’est la première alternance de la Ve République : « Moi ou le chaos » disait le général de Gaulle qui n’acceptait pas qu’elle puisse avoir lieu. Après 40 années passées dans l’opposition, la gauche arrive au pouvoir. C’est le temps de l’acceptation démocratique. Valéry Giscard d’Estaing veut que le passage de relais soit réussi et il s’y emploie. Il en va de l’image de la France.

POUR EN SAVOIR

Liste thématique de 402 réformes du septennat
Cent mesures pour les femmes
Archives de la présidence de la République. Valéry Giscard d'Estaing (1974-1981)
Liste thématique de 402 réformes du septennat

Une liste des thèmes qui ont fait l’objet de réforme au cours du septennat de Valéry Giscard d’Estaing a été établie en 2008 par Pascal Geneste, alors conservateur aux Archives nationales.

Consultez-la en cliquant ici !
Cent mesures pour les femmes

Une liste des mesures pour les femmes au cours du septennat de Valéry Giscard d’Estaing.

Consultez-la en cliquant ici !
Archives de la présidence de la République. Valéry Giscard d'Estaing (1974-1981)

Les archives du Président Giscard d’Estaing ont été classées et inventoriées par Pascal Geneste, conservateur général du Patrimoine. Elles sont conservées sur le site de Pierrefitte-sur-Seine des Archives nationales.

Archives de la présidence de la République. Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981). Répertoire numérique détaillé établi par Pascal Geneste, assisté de Violaine Chatelain et Gabrielle Vitali, Archives nationales – Somogy, éditions d’art, 2007

https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/

Depuis 1981

« Ce que je ressens ce n’est pas de l’humiliation mais quelque chose de plus sévère : la frustration de l’œuvre inachevée […] J’en garderai une morsure aussi tenace que celle du jeune spartiate dont le renard dévorait le foie, la morsure d’une inguérissable nostalgie. »

VGE, 18 juillet 2006

Ainsi se termine le dernier volume « Le Pouvoir et la Vie », recueil de ses mémoires. Ces quelques lignes, écrites 25 années plus tard, donnent la mesure de la douleur éprouvée après l’échec de l’élection de 1981.

LA NOUVELLE VIE D'UN ANCIEN PRÉSIDENT
« DEUX FRANÇAIS SUR TROIS »
ACADÉMIE FRANÇAISE
CONSEIL CONSTITUTIONNEL
LES DERNIERES ANNEES
LA NOUVELLE VIE D'UN ANCIEN PRÉSIDENT

Sentiment de vide, désir de fuir les projecteurs. Avant tout se réadapter à la vie. Retrouver les activités quotidiennes. Comment y parvenir ? Son ancrage, c’est l’Auvergne. Sa sphère, c’est la vie politique.

L’ancien Président décide de se soumettre à nouveau aux suffrages de ses compatriotes. Comme notamment Raymond Poincaré avant lui, il repart de la base et brigue les mandats locaux, un à un, à la recherche d’une nouvelle légitimité démocratique et populaire.

Il est élu :

  •  conseiller général du canton de Chamalières de 1982 à 1988 ;
  • député du Puy-de-Dôme de 1984 à 1989 puis de 1993 à 2002 (président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale de 1987 à 1989 et de 1993 à 1997) ;
  • président du conseil régional d’Auvergne de 1986 à 2004.
« DEUX FRANÇAIS SUR TROIS »

« Deux Français sur trois acceptant de parler, dans le soir devenu paisible, du sort commun de leur pays. »

– 11 février 1984.

VGE conserve sa volonté de faire entrer la France dans la modernité.

Lorsqu’il exerce la Présidence, Valéry Giscard d’Estaing exprime sa philosophie et indique les directions à suivre dans son livre « Démocratie française », ouvrage tiré à plus d’un million d’exemplaires.
Maintenant il souhaite témoigner, pour éclairer l’avenir, dans le calme et à partir de son expérience de chef d’État. Il est convaincu que les problèmes qui se posent à la France ne trouveront pas leur solution dans une opposition partisane et stérile entre nos formations politiques traditionnelles.

Il est possible de faire apparaître des majorités raisonnables sur les grands projets qui engagent l’avenir. D’où « Deux Français sur trois », titre de l’ouvrage qu’il publie en 1984, lequel décrit un destin national conciliant efficacité et générosité.

L’histoire politique de la France après 1981 (un “programme commun” abandonné après trois dévaluations, puis des majorités changeantes, des alternances et des cohabitations, bref, l’instabilité permanente) coïncide avec la montée des difficultés dans notre pays.

Sous une forme ou sous une autre, l’idée de « Deux Français sur trois » est appelée à renaître.

ACADÉMIE FRANÇAISE

Le 11 décembre 2003, l’ancien président de la République est élu à l’Académie française, au fauteuil numéro 16, dès le premier tour de scrutin. Il succède à Léopold Sédar Senghor, poète et premier président de la République du Sénégal.

Valéry Giscard d’Estaing est le sixième chef d’Etat à siéger sous la coupole. Mais il est le premier ancien Président français à être élu à l’Académie : ses prédécesseurs ont été académiciens avant d’être présidents.

Lors de la remise de son épée dans la grande nef du musée d’Orsay par Marina Picasso et Claude Bébéar, le 15 décembre 2004, son ami de jeunesse Jean d’Ormesson prononce le discours de réception.

Le lendemain, le 16 décembre 2004, est le jour de la réception sous la coupole. Jean-Marie Rouart prononce l’éloge.

Cette épée est son épée de Polytechnicien, sur laquelle ont été gravés les symboles suivants sur chacune des deux faces :

  • Face 1 : faisceau de licteur entouré d’une couronne de lauriers (emblème de la République et de son septennat) ;
  • Face 2 : trois dates : 1946, entrée à l’Ecole polytechnique ; 1974 : élection à la présidence de la République ; 2003 : approbation du projet de traité instituant une Constitution pour l’Europe (Conseil européen réuni à Thessalonique) et élection à l’Académie française.
CONSEIL CONSTITUTIONNEL

 

« En sus des neuf membres (…) font de droit partie à vie du Conseil constitutionnel les anciens Présidents de la République. »

Art 56 alinéa 2 version originelle Constitution de 1958

Valéry Giscard d’Estaing y siège entre 2004, date de son dernier mandat d’élu, et son décès le 2 décembre 2020.

LES DERNIERES ANNEES

Infatigable, V. Giscard d’Estaing défend ses convictions jusqu’au bout auprès des étudiants, des acteurs politiques et économiques en France, en Europe et dans le monde : de l’École de Management (EM) de Strasbourg à l’université Lomonossov à Moscou, en passant par la London School of Economics (LSE) ; du rendez-vous d’Aix-en-Provence du Cercle des économistes à la Chambre de commerce de Shanghai.

Il fait encore entendre sa voix dans les médias, avec notamment sa Chronique de la pensée multiple publiée régulièrement dans l’hebdomadaire le Point.

Conjointement avec son épouse Anne Aymone, il s’engage fortement dans la Fondation Valéry Giscard d’Estaing qu’il a créée le 19 septembre 2011. Il en préside le prix qui porte son nom et qui, en partenariat avec la Fondation Schuman, récompense chaque année depuis 2019 un ou une étudiante en affaires européennes.

Valéry Giscard d’Estaing s’éteint le 2 décembre 2020 entouré des siens dans la propriété familiale située à Authon, petit village du Loir-et-Cher où il repose désormais.

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